sabato 30 aprile 2011

Festival mondial des arts nègres, la grogne des artistes


Par VALÉRIE MARIN LA MESLÉE
Dakar, hiver 2010, Festival mondial des arts nègres (Fesman). L'ancienne Biscuiterie de Médina accueille une formidable exposition d'artistes contemporains africains, venus des quatre coins du monde. Dans le mémorable chaos d'un événement plusieurs fois retardé et finalement programmé in extremis par le président Wade qui en confie la direction à sa fille, les visiteurs ont connu de belles surprises. Mais à la fin des festivités, les exposants sont confrontés, eux, à une situation moins joyeuse : en effet, quatre mois après la fin du festival et déjà deux mois après la date prévue du retour de leurs oeuvres au 28 février, ils ne les ont toujours pas récupérées, car elles sont bloquées sous douane à Dakar dans les entrepôts du transitaire sénégalais.

L'artiste William Wilson, dont les tentures retracent l'histoire de l'Océan noir, exprime ses inquiétudes : "Mon travail entrait tout particulièrement dans le thème du festival et je connais bien la commissaire Florence Alexis. J'ai donc accepté tout en étant au courant des conditions de lancement et conscient des risques encourus. Je n'aurais jamais laissé une pièce unique ! J'ai la chance d'en avoir plusieurs de ce travail, pour autant, j'ai besoin de les récupérer, car l'exposition tourne partout." Autre cas : cette réaction de la Fondation Sindika Dokolo (Angola). Elle a notamment prêté une oeuvre du Britannique Yinka Shonibare qui n'a pas davantage été retournée et au sujet de laquelle elle ne reçoit aucune information. "Cette exposition, au final, était vraiment de qualité, mais tout le reste fut une catastrophe de bout en bout", souligne William Wilson, qui correspond avec d'autres artistes sur cette mésaventure. En face d'eux, les commissaires de cette exposition se désolent d'être maintenus dans l'impuissance par ceux qui doivent gérer une situation presque d'impasse ? C'est l'une des démonstrations, parmi toutes les dépenses faramineuses de tous côtés, des difficultés de l'État sénégalais à faire face à ses dettes, surtout depuis que le FMI a invalidé le plan de remboursement prioritaire du président Wade pour ses créanciers dudit Fesman.

"Nous payons aujourd'hui les pots cassés d'un festival qui aurait dû se tenir après le bouclage de ces conditions de financement, dit Florence Alexis, qui partage cette situation avec les autres co-commissaires Dominique Fontaine et François Kiéné. Les oeuvres ont été parfaitement emballées par nos soins personnels, puis hermétiquement scellées sous nos yeux au terme de nos contrats de commissaires. Depuis, elles attendent sous douane le bon vouloir des autorités. Il semble qu'il n'y ait pas d'argent pour payer les transits et les transports.... Nous n'obtenons plus aucune réponse de Dakar et de sa délégation générale malgré nos demandes persistantes depuis des mois..."

Même situation pour le désigner malien Cheick Diallo, exposé à Dakar dans la même Biscuiterie de Médina par le commissaire François Kiéné chargé du design. Il vit la plupart du temps en Normandie où il attend encore ses chaises... Afin d'honorer une exposition dans laquelle il s'était engagé, il a réussi à payer le dédouanement, au prix fort ! Le créateur a l'habitude des problèmes rencontrés en Afrique par les artistes eux-mêmes : "Ça nous tue", mais il s'insurge dans le cas spécifique du festival contre le manque de communication. Peu à peu, les artistes se renseignent individuellement pour faire établir un devis auprès du transporteur français, ce qui semble la seule solution pour ceux qui en auront les moyens : "On a l'impression que le Fesman est une pièce vide ; tout le monde est parti, tout le monde s'en fout, et nous, artistes, sommes pris en otage", conclut Wilson...

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